Voilà plusieurs années que l’acide hyaluronique est apparu dans les cosmétiques, et que son succès ne se dément pas. Un engouement sans doute expliqué par sa quasi absence d’effets indésirables – d’après l’observatoire des cosmétiques, l’acide hyaluronique serait à la fois bien toléré par toutes les peaux et dénué de potentiel sensibilisant – mais également par une abondance de campagnes publicitaires soulignant sa puissante activité hydratante et anti-âge. Son efficacité est-elle cependant réelle ? Mabi fait le point.
L’acide hyaluronique, une molécule hydrophile ubiquitaire
En fait, l’acide hyaluronique est une molécule naturellement présente dans le monde animale, et notamment chez l’homme. Ce glycosaminoglycane de la famille des polysaccharides – c’est-à-dire des glucides complexes – découvert dans les années 1930 entre en effet dans la composition du liquide articulaire ou de l’humeur vitrée de l’œil. « Mais la peau est l’organe qui en contient le plus », note l’observatoire des cosmétiques.
C’est que sous l’épiderme, l’acide hyaluronique figure parmi les composants du tissu conjonctif de la peau : le derme. Dans ce tissu, il soutient les fibres de collagène et d’élastine et « joue ainsi un rôle fondamental dans la densité et la tonicité [de la peau] », explique l’observatoire. Et ce parce que l’acide hyaluronique est hydrophile, c’est-à-dire retient l’eau à sa surface. « Il peut fixer jusqu’à 1000 fois son poids d’eau, ce qui lui [confère en plus] un fort pouvoir hydratant », détaille Charlotte Montagnat-Rentier dans sa thèse de Pharmacie.
« Le problème est qu’au fil du temps, du vieillissement de la peau, des atteintes répétées des radicaux libre, etc. le taux d’acide hyaluronique naturel tend à diminuer, en qualité mais surtout en quantité », déplore cependant l’observatoire des cosmétiques. De cette perte naturelle d’acide hyaluronique découleraient alors une déshydratation, un affinement et un relâchement de cette dernière, qui se marque alors de rides.
Deux types de biotechnologies utilisés en application externe
Solution rapidement imaginée par les professionnels de l’esthétique et les industriels pour redonner à la peau son volume et sa souplesse : un apport par voie externe de l’acide hyaluronique perdu. Une première méthode de production d’acide hyaluronique a ainsi été élaborée : il s’agissait d’extraire la molécule de crêtes de coq, voire de cordons ombilicaux. « Cette technique est de moins en moins utilisée », rapporte heureusement le Dr Montagnat-Rentier, la molécule de Jouvence étant aujourd’hui majoritairement obtenu à partir de « fermentation de culture de streptocoques modifiés ou par recombinaison de l’acide hyaluronique à partir de culture de Bacillus subtilis », détaille le pharmacien. Plus simplement, l’acide hyaluronique est aujourd’hui une biotechnologie fabriquée par des micro-organismes dans des incubateurs, pour un risque infectieux et allergique moindre. Par ailleurs, cette méthode permet de modifier légèrement la molécule initiale, par exemple pour améliorer sa résistance dans l’organisme « face aux oxydants ou à certains enzymes », explique Charlotte Montagnat-Rentier.
Ainsi, il est possible de produire aujourd’hui deux grands types de molécules, à commencer par l’acide hyaluronique de haut poids moléculaire. A cause de sa taille importante, proche de celle de l’acide hyaluronique de la peau, cette première molécule, présente dans la composition de nombreux cosmétiques, ne pénètre pas l’épiderme. Restant à sa surface, il permet d’hydrater les couches superficielles de la peau, assurant alors un rôle tenseur, mais aussi protecteur : il constitue une « barrière contre les agressions, un rôle anti-radicalaire et un rôle d’éponge (empêche l’eau de s’évaporer de la peau) », indique le site de conseil Médecine-anti-âge.com, fondé par un médecin strasbourgeois.
Deuxième molécule produite aujourd’hui par voie biotechnologique et à la base de la composition de diverses crèmes : l’acide hyaluronique de bas poids moléculaire. Grâce à sa taille plus petite, ce type d’acide hyaluronique traverse la barrière épidermique jusqu’à sa base. D’après Médecine-anti-âge.com, ces « microsphères » peuvent alors « se gorger d’eau et stimuler les fibroblastes », cellules capables de reconstituer la matrice de collagène mais aussi d’acide hyaluronique naturel du derme : par l’intermédiaire de ces fibroblastes, l’acide hyaluronique de bas poids moléculaire réactiverait la production d’acide hyaluronique naturel et de toute la charpente de la peau. Bref, par leur capacité à traverser l’épiderme et à activer un cercle vertueux de régénération des composants du derme, les cosmétiques contenant de l’acide hyaluronique de bas poids moléculaire auraient non seulement un effet hydratant, mais aussi comblant.
D’autres utilisations de l’acide hyaluronique
Si, en application externe dans de nombreux cosmétiques, l’acide hyaluronique pourrait avoir soit un effet tenseur et protecteur, soit un effet anti-âge, il peut également être utilisé sous d’autres formes dans divers objectifs.
D’abord, en médecine esthétique, l’acide hyaluronique constitue un célèbre produit de comblement des rides disponible sous forme injectable. Toujours à des fins anti-âges, cette molécule est également parfois consommée en cures de 3 mois de compléments alimentaires – en comprimés ou solutions à boire, précise Médecine-anti-âge.com.
Par ailleurs, les médecins du sport, les rhumatologues, les ophtalmologistes, les dermatologues, etc. auraient eux aussi recours à l’acide hyaluronique pour soigner leurs patients. « L’acide hyaluronique est [en effet] une aide pour […] lubrifier et protéger les cartilages chez les sportifs, soulager les douleurs articulaires associées à l’arthrose, favoriser la cicatrisation et la reconstruction du tissu cutané suite à une lésion [ou encore] lubrifier et hydrater l’œil en cas de sécheresse oculaire », liste le site de conseils anti-âges.